La capitale du monde chrétien, c’était Avignon

Stanislas Barszczak, Le moulin de l’oubli
(histoire vraie du XIVe siècle)

Introduction ((à suivre)
Un jour, je suis allé en train à Avignon. De nombreux vestiges, dont deux sépultures d’époque cardiale, attestent une occupation du sol avignonnais dès 3000 ans avant JC. La civilisation chasséenne qui a suivi est à l’origine de l’agglomération. Vers 2000 av. JC, une véritable ville néolithique, couvrant plusieurs hectares, s’étend sur les pentes du Rocher des Doms et les berges du Rhône. Le site ayant connu une occupation constante depuis ces temps reculés, Avignon constitue l’une des plus vieilles villes d’Europe. Le musée de préhistoire. En cours de réaménagement, il constitue une section du Musée Calvet. Il est consacré aux origines de l’occupation humaine en Vaucluse depuis le paléolithique. Il conserve les principaux éléments de la préhistoire avignonnaise. Plus particulièrement les deux sépultures préhistoriques découvertes en 1965 et 1974, dont les parures et l’utilisation d’ocre rouge permettent de les attribuer au IVème millénaire avant notre ère. Il conserve également un mobilier important, silex et poteries, provenant de l’époque chasséenne(IIIème millénaire avant notre ère) et chalcolithique (2000-1800 av JC), ainsi qu’une précieuse série de stèles anthropomorphes. Sans repli, la ville franchit les âges du bronze et du fer. Après avoir été capitale celto-ligure, comptoir phocéen, frappant monnaie à son nom, Aoye, elle devient cité romaine. L’antique Avenio couvre alors 46 hectares et les éléments exhumés témoignent d’une ville florissante bien que l’architecture, en raison de l’histoire, n’ait pas laissé de témoins apparents. Connue comme l’une des 80 cités de la Gaule sous Auguste, colonie latine sous Claude, elle est promue au grade de cité romaine au IIe siècle de notre ère sous Hadrien. Sa population atteint 27 000 habitants. Durant les invasions barbares qui marquent la chute de l’Empire romain, Avignon se rétracte autour du rocher. Devenue citadelle avancée du royaume burgonde, son histoire n’est plus qu’une longue suite de partages, de guerres et de sièges sanglants jusqu’au XIIe siècle. A Avignon est également le Musée Lapidaire. Ce musée occupe entièrement la chapelle du collège des Jésuites, magnifique édifice baroque du XVIIe siècle. Il conserve des sculptures égyptiennes, étrusques, grecques, gallo-romaines, paléo-chrétiennes et médiévales, des vases, bronzes et verreries antiques, ainsi que de nombreux objets évoquant l’Egypte pharaonique (amulettes, bijoux… ). D’importants vestiges de l’antiquité avignonnaise y sont présentés.L’émiettement du pouvoir féodal entraîne, en 1129, l’avènement de la commune. La ville devient indépendante, gouvernée par les chevaliers et les riches citoyens sous la présidence de l’évêque. Avec ce régime original, Avignon se transforme en cité cosmopolite, de commerce et de passage. Elle s’enrichit considérablement faisant édifier lacathédrale et le pont sur le fleuve. Elle devient puissante, s’entourant d’une double enceinte de remparts tandis que les maisons fortes se multiplient à l’intérieur. Alliée à Toulouse, la cité est prise par le roi de France Louis VIII, en 1226, au départ de la croisade des Albigeois. Avignon perd ainsi sa souveraineté, mais elle se relève en peu de temps de ce désastre. C’est sur une belle et forte ville structurée en sept paroisses, dotée de palais, de commanderies d’Hospitaliers et de Templiers, de nombreux couvents et d’une université (1303), que s’ouvre le XIVe siècle. En Avinionie est célèbre Pont, le pont Saint-Bénezet. Je marchais sur ce pont, et comment l’éviter. Selon la légende le célèbre pont d’Avignon aurait été édifié par un jeune berger, Bénezet, sur ordre céleste. Achevé en 1185, il constituait le premier passage sur le Rhône entre Lyon et la mer. Démantelé en 1226, reconstruit et plusieurs fois emporté par le Rhône, c’est aujourd’hui une vénérable ruine, composée de quatre arches et d’une chapelle, classée au patrimoine mondial. Il est à l’origine de la chanson enfantine universellement connue “Sur le pont d’Avignon”. Lorsque nous sommes déjà à proximité du Palais des Papes passons d’abord à la église Notre-Dame des Doms. La métropole (XIIe s.) est le seul édifice roman complet de la ville. Elle a reçu de nombreux ajouts, dont une vierge en plomb doré en 1859. Elle abrite plus particulièrement le tombeau du pape Jean XXII, quantité d’oeuvres d’art ainsi qu’un précieux trésor. A la fois capitale spirituelle, capitale politique, capitale économique et capitale culturelle, Avignon se prévaut d’un patrimoine architectural et artistique exceptionnel qui en fait aujourd’hui encore le plus grand et le plus bel ensemble gothique d’Europe. “In Altera Roma” au XIVe siècle, Avignon a été la capitale du monde chrétien. Le Palais des Papes du XIVe siècle et le Pont Saint Bénezet du XIIe siècle, sont classés au patrimoine de l’humanité par l’Unesco. Avignon est aujourd’hui un véritable carrefour touristique et culturel. En 2000, elle est désignée “ville européenne de la culture”. Célèbre aussi grâce au plus grandfestival de théâtre vivant du monde, elle accueille plus de 800 spectacles et 570000 spectateurs chaque année. Les musées et leurs expositions prestigieuses couvrant la période de la préhistoire jusqu’à l’Art contemporain, avec la collection Yvon Lambert, répondent à la demande des visiteurs. Avignon est aussi capitale des Côtes du Rhône et de la gastronomie provençale où les meilleurs chefs vous proposent les spécialités du terroir. Au carrefour de l’axe fluvial Rhône – Saône, le tourisme fluvial propose de très belles croisières d’agrément dans diverses régions de France et des liaisons fluviales au cœur même de la Provence et de la Camargue. Avignon, porte de la Provence, c’est aussi une croisière de prestige entre les deux capitales de la chrétienté : la “croisière des Papes, Avignon-Rome”. Avignon, à la croisée des axes de la communication nord-sud et est-ouest avec le train à grande vitesse et l’aéroport, accueille également denombreuses manifestations au Centre international des congrès, au cœur du Palais des Papes (congrès de 20 à 560 personnes), ainsi qu’au parc des expositions sur 50 000 m2.

Le plus puissant et le plus rapide des fleuves français a joué un rôle essentiel dans la vie avignonnaise, façonnant son environnement, protégeant parfois la ville, la mettant souvent en danger. Située dans un coude, Avignon n’est qu’à cinq mètres d’altitude par rapport à l’étiage du fleuve, et le Rocher des Doms qui la surplombe servait derefuge naturel à la population lorsque les eaux montaient, inondant les quartiers bas. De nombreuses catastrophes ponctuent l’histoire d’Avignon, où les eaux redoutables emportèrent souvent des portions entières de remparts, obligeant la population à se réfugier sur les toits des habitations. De nombreux documents anciens et modernes nous montrent les rues inondées où les habitants se déplacent en barques. Plusieurs îles émergeaient du fleuve et se modifiaient selon les crues, ainsi que des bancs de sable et de gravier, tandis que, bordant les remparts, s’étendaient des terrains marécageux, le Limas (du latin limaceus, boueux). Les galets du Rhône ont contribué aussi à donner leur physionomie particulière aux rues de la ville, puisqu’on les utilisa dès le Moyen Age, avec ceux de la Durance, pour le pavage des calades. L’osier qui poussait dans ces terres limoneuses servait aussi à tresser des banastes (paniers) dont le souvenir s’est perpétué dans le nom de la rue Banasterie qui, à l’arrière du Palais des Papes, conduit au bord du fleuve. La berge était d’ailleurs très animée puisque trois ports jalonnaient les quais : le port principal se trouvait face au pont et à la porte Eyguière (actuelle porte du Rhône) ; en amont, le port au bois a laissé son nom au quai et à la porte de la Ligne ; en aval, au port des Périers étaient déchargés les pierres et différents matériaux de construction. Des digues en épi, dites palières, repoussaient l’eau et protégeaient les quais. Au XVIIe siècle, les quais furent réaménagés et agrémentés d’œuvres sculptées. Ainsi, la statue de Saint-Bénezet par Jean Péru fut érigée face à la porte de l’Oulle. Elle accompagnait d’autres représentations des saints patrons et protecteurs de la ville : Saint François près du pont, la Vierge plus en amont et Saint Agricol à la porte du Rhône. Dès le Moyen-Age, c’est à Arles que s’opérait le transbordement des marchandises des navires de haute mer sur des embarcations fluviales. On remontait le fleuve par halage. Des trains de bateaux étaient tirés par des hommes puis par des chevaux, de douze à trente selon l’importance du convoi. La Ville a réaménagé récemment le chemin de halage en une agréable promenade que l’on aperçoit face au pont sur l’île de la Barthelasse. Transitant par le fleuve ou déchargées, les marchandises étaient taxées au bureau du port aménagé dans la première pile du pont. Au XIIe siècle letrafic était intense : Avignon s’approvisionnait en bois, laine, plantes tinctoriales, cuivre, étain, fer, plomb, chanvre, étoupe, poix, poisson et bétail, tandis qu’elle exportait le fruit de ses industries prospères : blé, cuir, cordes, draps. Par amour pour Avignon ! Par passion pour son théâtre ! Les artistes, les hommes politiques et les directeurs de théâtre disent : ” Avignon, c’est le Festival, mais c’est aussi une vie culturelle passionnante et passionnée qui se déroule tout au long de l’année, et nos six théâtres et compagnies conventionnées participent grandement au maintien et au développement de notre ambition au service des amoureux du théâtre. “(Marie-Josée Roig) ” Je voudrais que, faisant litière d’un amour propre haïssable, mettant au dessus du succès personnel et d’une originalité souvent factice, les intérêts d’une grande cause commune, tous les bons ouvriers du théâtre unissent un jour leurs talents et leurs forces, non seulement pour montrer la bonne voie, mais pour atteindre et conquérir la grande majorité du public. “(Jacques Copeau à Louis Jouvet – Appels – 1924)

Avignon est célèbre car elle est la ville où les papes se sont enfuis au moment de quitter le corruption de Rome au 14ème siècle. Les papes, ils ont y construit «Le Palais des Papes ». Clément V, premier pape d’Avignon, croyant que le séjour de la papauté sur les bords du Rhône ne serait que temporaire, établit ses quartiers dans le vaste couvent des Prêcheurs. Il n’en fut pas de même pour ses successeurs immédiats. Lorsqu’il fut élu en 1316, Jean XXII connaissait déjà fort bien cette ville, dont il avait occupé l’évêché quelques années auparavant. Ce fut donc son ancien palais épiscopal qu’il retint pour résidence. Il s’y installa cependant en pontife, réaménageant les anciens appartements de l’évêque en les agrandissant, et en faisant redécorer le nouvel ensemble. Jean XXII fit transformer l’ancienne église paroissiale, Saint-Etienne, située sur le flanc sud de la cathédrale Notre-Dame-des-Doms, en chapelle pontificale. Là devaient se dérouler les cérémonies liturgiques majeures de la Curie. Jean XXII fit encore ériger, en 1319, cette fois-ci au sud de son palais, une salle d’audience destinée à abriter les réunions du tribunal de l’audience des causes apostoliques. La construction du Palais : 1334-1342. Jean XXII mourut en 1334 et Benoît XII, ancien moine cistercien, lui succéda. Il entreprit dès la première année de son pontificat d’importants travaux dont il confia la réalisation à un maître d’œuvre de ses compatriotes, Pierre Poisson. Ceux-ci débutèrent par l’édification d’une grande tour, puissamment fortifiée et renfermant les biens et personnes les plus précieux de la cour. Cette haute tour fut implantée au sud de l’ancien palais épiscopal, dans lequel Benoît XXII s’était à son tour installé. Simultanément, Benoît XII fit ériger une nouvelle grande chapelle à deux niveaux superposés. Pierre Poisson poursuivit ensuite, et à un rythme rapide, les travaux en direction du nord (ailes des appartements privés et tour de l’Etude en 1337-1338). Il fit progressivement détruire chacune des ailes de l’ancien palais pour édifier une nouvelle construction, se calquant vraisemblablement sur l’organisation préexistante des espaces. A l’est, les espaces dévolus à la vie officielle (Consistoire et Tinel), à l’ouest les logements des Familiers, au sud, le vaste appartement des hôtes (où séjournèrent rois de France et empereur). Chacun de ces corps de bâtiments était réparti autour d’une cour. Enfin, un puissant rempart vint renforcer tout le côté méridional et oriental de ce palais, englobant un jardin que Benoît XXII se plut à faire aménager et où il fit probablement installer la ménagerie léguée par son prédécesseur. Le Palais de Clément VI à Grégoire XI. Le schéma de ce premier palais était destiné à perdurer au sein de l’édifice remodelé par Clément VI à compter de 1342, année de son élection. Ce pape tint à doubler la superficie du bâtiment et à renouveler complètement la décoration picturale. Il commença par développer la superficie de ses appartements privés, par la construction de la tour dite de la Garde-Robe, accolée au mur sud de la tour du Pape. Puis il confia la réalisation du Nouvel Œuvre s’étendant au sud et à l’ouest de cet ensemble à Jean de Louvres, maître d’œuvre originaire de la région parisienne avec qui il entretint d’étroites relations. L’aile méridionale, composée d’une Grande Audience et d’une Grande Chapelle superposées, fut entreprise dès 1345. Elle marque bien la volonté du pontife de faire réaliser un programme architectural de très grande ampleur, nanti de larges et solennels volumes, parés de multiples sculptures d’inspiration végétale ou animale pour la plupart, tranchant avec les espaces dus à Benoît XII qui en étaient totalement dépourvus. Dans un même élan, fut érigée l’aile occidentale des Grands Dignitaires, destinée au logement et au travail de ces personnes éminentes au sein de la Curie. Les jardins, où il fit bâtir une superbe fontaine, retinrent eux aussi son attention.

A la mort de Clément VI, en 1352, le palais avait pratiquement déjà la physionomie que nous lui connaissons aujourd’hui. Les pontifes qui lui succédèrent, poursuivirent son embellissement. Innocent VI acheva les travaux entrepris par son prédécesseur, telles les tours Saint-Laurent et de la Gâche (1353-1358), et réalisa un certain nombre d’améliorations portant sur les circulations, comme le pont aujourd’hui détruit et qui portait son nom.
Urbain V, élu en 1362, déjà préoccupé par le projet de retourner en Italie, se contenta de créer la fameuse galerie appelée Roma, dans le jardin supérieur. C’est dans le même esprit que Grégoire XI, élu en 1370, aborda son règne. Il ne fit effectuer dans son palais d’Avignon que de simples travaux d’entretien, plus soucieux de réaliser un projet si souvent caressé : le retour de la papauté à Rome, en 1376. Telles furent les grandes étapes de la construction de cet édifice au XIVe s., dont la majeure partie fut dressée en moins de vingt ans à un rythme très rapide, bénéficiant d’un financement exceptionnel qui pesa lourd sur le trésor de l’Eglise. Chacune des dépenses effectuées pour l’achat de matériaux de construction, d’engins, d’échafaudages, pour le paiement des employés (du simple manœuvre payé à la journée aux maîtres d’œuvre et aux peintres appointés) fut enregistrée dans les registres des comptes de la Chambre apostolique, maintenant conservés aux archives secrètes du Vatican à Rome. C’est cet inestimable trésor qui a permis d’écrire l’histoire de ce palais. Si les murs et une partie de leurs décors demeurent, il est plus difficile de se faire une idée des ornements mobiliers ainsi que de l’activité qui régnait en ce lieu. Impossible, également de dénombrer combien de membres de la Curie travaillaient quotidiennement au palais ou y vivaient.
La seule certitude est que l’activité y était foisonnante : réceptions d’hôtes de marque venus rendre visite au pape à qui l’on remettait les clefs d’un confortable appartement, grandes cérémonies religieuses, travaux administratifs dans les innombrables bureaux où s’affairaient scribes et notaires, écritures comptables et réceptions des collecteurs d’impôts venus des confins de la Chrétienté, etc. Ce palais, répondant aux multiples besoins de l’un des plus grands princes de son temps, était tout à la fois résidence, lieu de culte, forteresse et ” cité administrative ” . La valeur démonstrative de ce palais était fondamentale. Un somptueux décor devait rehausser l’éclat et le prestige des actions du pontife en ces murs. Tous étaient revêtus d’enduits colorés, de peintures géométriques, voire de subtils et foisonnants programmes iconographiques. La majeure partie du décor peint conservé fut commandé par Clément VI. Ce dernier eut à cœur de définir, en étroite relation avec son peintre officiel,Matteo Giovannetti, de grands ensembles témoignant par leurs fastes de la grandeur de l’Eglise, des liens rapprochant Avignon de Rome (chapelle Saint-Martial et chapelle Saint-Jean), soulignant la fonction de telle salle (Consistoire et Grande Audience) ou incitant à une délectation sereine et cultivée de la nature (chambre du Cerf).
Fort de la confiance du pape, maîtrisant parfaitement la technique de la fresque (peinture sur un enduit frais) et libéré par la distance du poids de l’influence de ses maîtres, Giovannetti sut élaborer un langage éblouissant et très personnel, où le sens du portrait (très innovant pour son temps), la virtuosité de ses architectures feintes et le sens de la solennité lui permirent de composer les remarquables ensembles consacrés à Saint-Jean, Saint-Martial et aux prophètes. Il n’oeuvra pas seul mais entouré d’un atelier, tandis qu’en d’autres lieux des peintres français travaillèrent quelques années plus tôt. Ce fut déjà le cas sous le pontificat de Benoît XII, dans la chambre du Pape, où l’on composa un décor imitant une pergola sur fond de ciel bleu, laissant à des artistes italiens le soin de réaliser les fausses et gracieuses arcatures trilobées des fenêtres, auxquelles pendent d’irréelles cages à oiseaux.
Dans ses nouveaux appartements, Clément VI commanda un décor naturaliste inédit à des peintres demeurés inconnus, qui représentèrent avec beaucoup de réalisme une sombre forêt et les multiples modes de chasser et pêcher, si souvent et minutieusement décrits par les traités de vénerie. Cet important décor peint, malgré les irréparables pertes subies au fil des siècles, constitue un panorama unique en France de la peinture au milieu du XIVe siècle. Ce goût de la couleur se retrouve également dans les carrelages à décor dit ” vert et brun “, encore visibles dans le studium (bureau) de Benoît XII et reproduits dans les chambres. Il était aussi très présent dans les tapisseries vertes ponctuées de roses rouges, dans les tapis assortis, les tentures de soieries de couleur importées d’Italie, ou les draps d’or. Chaque réunion ou cérémonie était précédée du passage du fourrier ornant murs et cathèdres, donnant un cadre coloré à l’emplacement où se tiendrait le pape. La visite du palais commence par la porte des Champeaux, entrée principale dès le pontificat de Clément VI. Après avoir traversé la salle des Gardes(actuelle billetterie) puis la salle de la Petite Audience, où siégeait le tribunal des causes contredites (aujourd’hui lieu de remise de l’audio-guide de visite), on accède à la Cour d’honneur, ouverte par trois portes (des Champeaux, de la Peyrolerie et Notre-Dame).
Les ailes est et nord manifestent la simplicité du Palais Vieux de Benoît XII, tandis que celles de l’ouest et du sud, plus largement percées de fenêtres ornées de sculptures ou de moulures saillantes témoignent du goût de Clément VI et de son maître d’œuvre Jean de Louvres. A l’est de la cour, une petite porte donne accès à la Grande Trésorerie du Palais Vieux où se tenaient les services financiers – aujourd’hui, elle abrite une partie du musée du vieil Avignon (l’autre se trouvant dans la salle de Jésus). Le Trésor Bas est contigu au sud ; dans ses coffres souterrains, il abritait pièces de monnaie, objets d’orfèvrerie, etc. En empruntant l’escalier intérieur de la Grande Trésorerie, on parvient à la salle de Jésus, sorte d’antichambre où les cardinaux attendaient le pape avant d’entrer en consistoire, puis, plus au sud, à la chambre du Camérier, le plus proche collaborateur de Benoît XII, dont l’appartement révèle une stratigraphie complexe de décors peints muraux. Le Revestiaire pontifical servait au pape à revêtir ses ornements consistoriaux, avant de faire son entrée au Consistoire. Celui-ci se situe au rez-de-chaussée de l’aile orientale éponyme, dévolue à la vie officielle de la Curie. Lieu de réunion, lieu de réception des ambassadeurs et des légats, cette salle abrite les déposes des fresques de Simone Martini provenant du porche de la cathédrale Notre-Dame-des-Doms. Elle donne accès, à l’est, à la chapelle peinte par Matteo Giovannetti. On parvient ensuite à la cour du Cloître, qui constitue le cœur du Palais Vieux. Au nord, se dresse la Grande Chapelle de Benoît XII, à l’ouest l’aile des Familiers et au sud l’aile dite du Conclave (avec l’appartement des hôtes), espaces fermés à la visite. En empruntant l’escalier du cloître, on parvient au Tinel, salle de réception, où se tenaient les festins pontificaux. Au nord, elle est bordée par les cuisines. C’est là également que se tinrent les conclaves. A l’est, une porte donne accès à la chapelle Saint-Martial, où Matteo Giovannetti raconta en images la vie de ce saint évangélisateur du Limousin. Au sud, la chambre de Parement dessine une enfilade progressant des espaces publics vers les espaces privés. Cette antichambre servait à des audiences plus réduites, des huissiers y montaient en permanence la garde devant la chambre du pontife.
Une porte vitrée laisse découvrir le studium de Benoît XII, seul espace ayant conservé son sol du XIVe siècle. On accède ensuite au cœur des appartements pontificaux, avec la chambre de Benoît XII, située au-dessus des jardins, puis celle de Clément VI, dont le remarquable plafond peint date de 1343. Il faut ensuite traverser le passage de la Peyrolerie, qui a perdu sa disposition d’origine et ses multiples volées d’escalier, pour arriver dans la sacristie nord de la Chapelle clémentine. On y découvre une collection de moulages évoquant des souvenirs de l’époque pontificale et des personnalités ayant entretenu des liens avec Avignon. Franchissant la porte du pape, on pénètre dans l’immense et unique vaisseau de la Chapelle clémentine, desservie au sud par le Revestiaire des cardinaux. A l’autre extrémité de la chapelle, une porte créée au XVIIe siècle permet de pénétrer directement dans l’aile des Grands Dignitaires, en commencant par la chambre du Camérier puis celle des Notaires. Un escalier contemporain conduit jusqu’à la terrasse, proposant un extraordinaire panorama sur la ville et ses environs. En redescendant, on passe devant le portail de la Grande Chapelle, sur la loggia ouverte par la fameuse baie de l’Indulgence à laquelle le pape apaisait à la foule des fidèles rassemblée dans la Cour d’honneur. Le Grand Escalier, spacieux et lumineux, descend vers cette cour. Son palier donne accès à la très solennelle salle de la Grande Audience, qui abritait le tribunal des causes apostoliques et qui offre au regard la fameuse fresque des Prophètes haut placée sur un voûtain à l’est de la salle, juste au-dessus de l’endroit où siégeaient les juges. La fin du parcours permet de traverser les salles de l’Artillerie et celle de l’Ecole de théologie. Mais, ainsi parcouru, le Palais des Papes n’aura révélé que quarante pour cent de sa superficie. Après avoir été résidence papale, le palis connut diverses affectations. Transformé en palais de la vice-légation aux XVIIe et XVIIIe siècles, il fut aménagé en caserne au XIXe siècle. Aujourd’hui, il abrite également le musée du Vieil Avignon et du Comtat Venaissin, les archives départementales de Vaucluse, ainsi que le Centre international de congrès. Vous devez aller à Avignon, et il ya tout à voir.

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