J’ai eu une curiosité passionnée pour les choses de l’esprit

L’inconnu sur la terre

Je veux vous exprimer quelques pensées pour aujourd’hui, qui sont très proches de moi.  Il s’agit d’extraits du livre “Désert” (1980), J.M.G. Le Clézio, éd. Gallimard, coll. Folio, 2000. “Vivre, connaître la vie, c’est le plus léger, le plus subtil des apprentissages. Rien à voir avec le savoir.” Ce qu’il vit en Afrique, comme un jeune garçon, était-ce en mémoire jusqu’à ce jour. Et maintenant nous sommes retournés à l’Afrique dans la maison, “je suis indigné de l’Afrique”- un jour il a dit très fermement.  A la question “Pourquoi écrivez vous?”, la plus belle réponse à ses yeux est celle: “Parce que la belle vie est trop courte. J’avais trouvé cela merveilleux, car écrire, c’est vivre d’autres vies, ajouter des vies à la belle vie, qui n’est plus si courte que ça…A mon sens, écrire et communiquer, c’est être capable de faire croire n’importe quoi à n’importe qui. Ecrire, c’est surtout essayer de survivre. Je n’ai jamais cherché que cela en écrivant : communiquer avec les autres. Ce qui me tue, dans l’écriture, c’est qu’elle est trop courte. Quand la phrase s’achève, que de choses sont restées au-dehors ! L’écriture est la seule forme parfaite du temps.” Aujourd’hui, moi- même que j’ai découvert dans le désert. “Il n’y a pas de plus grande émotion que d’entrer dans le désert.  A maintenant mes actes si ils sont apparus, comme dans un rêve, au sommet de la dune, à demi cachés par la brume de sable que leurs pieds soulevaient. Il n’y avait rien d’autre sur la terre, rien, ni personne. En effet, mes actes comme si c’était supporté. Ils étaient nés du désert, aucun autre chemin ne pouvait les conduire. Ils ne disaient rien. Ils ne voulaient rien. C’était comme s’il n’y avait pas de noms, ici, comme s’il n’y avait pas de paroles. Le désert lavait tout dans son vent, effaçait tout. Les hommes avaient la liberté de l’espace dans leur regard, leur peau était pareille au métal. Les hommes savaient bien que le désert ne voulait pas d’eux : alors ils marchaient sans s’arrêter, sur les chemins que d’autres pieds avaient déjà parcourus, pour trouver autre chose. Les garçons, mes amis, apprenaient à marcher, à parler, à chasser et à combattre, simplement pour apprendre à mourir sur le sable. Les jours sont tous les jours les mêmes, ici, dans la Cité, et parfois on n’est pas bien sûr du jour qu’on est en train de vivre. C’est un temps déjà ancien, et c’est comme s’il n’y avait rien d’écrit, rien de sûr. Personne d’ailleurs ne pense vraiment à cela, ici, personne ne se demande vraiment qui il est. Il y a les jours qui ne sont pas comme les autres, les jours de fête, et c’est un peu pour ces jours-là qu’on vit, qu’on attend, qu’on espère. Il y a des jours qui sont plus longs que les autres, parce qu’on a faim.” Stefan Zweig a dit quelque chose de plus dans le livre “Le Joueur d’échecs, c’est-à-dire: moi pour mon malheur ai toujours eu une curiosité passionnée pour les choses de l’esprit… Et voici “plus un esprit se limite, plus il touche par ailleurs à l’infini.”

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